samedi 12 décembre 2009

L’Argentine à l’heure de la justice pour les victimes de la dictature


Vendredi s'est ouvert à Buenos Aires le procès de 19 ex-militaires et membres des forces de sécurité, durant la dernière dictature militaire (1976-1983), pour crimes de lèse humanité.
Au même moment, à Córdoba, Luciano Benjamín Menéndez, chef de la répression dans la province entre 1975 et 1979, était condamné à la prison à perpétuité lors de son 3ème procès.
Vingt-six ans après le procès de la junte militaire, l'Argentine rouvre ses plaies, pour enfin rendre justice à ses victimes et disparus, dans des procès historiques et attendus.


Ouverture du procès des bourreaux de l'ESMA à Buenos Aires
Le Tribunal Fédéral n°5 de Buenos Aires, était pris d’assaut, ce vendredi matin, pour l’ouverture du premier grand procès de l’ESMA, l’Escuela Superior de Mécanica de la Armada.
L’ESMA fut le principal centre de détention clandestin, durant la dernière dictature, 5. 000 personnes y ont été emprisonnées, torturées et exécutées avant de disparaître dans « los vuelos de la muerte ». Seulement une centaine de détenus a survécue à l’horreur, certains témoigneront durant le procès.
Les familles des victimes et les associations de défense des Droits de l’Homme, s’étaient déplacées pour assister au jugement d’Alfredo Astiz (le tristement célèbre « ángel rubio de la muerte»), de Ricardo Cavallo et d’autres ex-militaires, policiers ou membres des forces de sécurité liés aux activités funestes de l’ESMA .
Ils sont jugés pour trois crimes de lèse humanité, la séquestration, la torture, et la disparition de 85 personnes, parmis lesquelles les fondatrices du mouvement des Madres de Plaza de Mayo : Mary Bianco, Esther de Careaga et Azucena Villaflor ; les religieuses françaises : Alice Domon et Leonie Duquet ; et le journaliste opposant au régime Rodolfo Walsh.
Le procureur ainsi que le Secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, Luís Alem, ont requis la prison à perpétuité pour les accusés. Ces derniers sont arrivés devant le tribunal, entourés de leurs proches, sereins et provocateurs, en affirmant qu’ils ne peuvent être condamnés pour avoir obéi aux ordres et protégé le pays du terrorisme.

Condamnation de Luciano Benjamín Menéndez à Córdoba
L’ex-général Luciano Benjamín Menéndez a été condamné hier, par le Tribunal Fédéral de Córdoba, à une peine de prison à vie pour les crimes de privation illégitime de liberté, tortures et homicides.
Cette sentence est l’aboutissement d’une procédure entamée dans les années 1980, à l’encontre des membres du département d’information de la police de Córdoba, autre centre de détention clandestin. Elle avait été stoppée par la promulgation des lois d’amnistie de Punto Final et d’Obediencia debida, en 1986 et 1987.
Celles-ci ont été déclarées inconstitutionnelles par la Cour Fédérale en Juin 2005, permettant la reprise du procès, et aujourd’hui, de rendre enfin justice aux victimes du régime militaire et à leurs familles.

Ces procès historiques au-delà de l’exercice de la justice, représentent la fin de l’impunité pour les membres de la dernière dictature. Ils permettent la rupture de la loi du silence qui pèse sur le pays depuis de nombreuses années, et constituent une étape importante pour une réconciliation nationale qui reste difficile.

Liens:
http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-136881-2009-12-12.html
http://www.elpais.com/articulo/internacional/Argentina/juzga/horror/Escuela/Armada/elpepuint/20091212elpepiint_3/Tes

Pauline

samedi 5 décembre 2009

Víctor Jara reçoit l'adieu du peuple chilien




Poète et musicien populaire, militante du parti communiste et engagé dans le gouvernement de l'Unité Populaire du président Salvador Allende, Víctor Jara fut arrêté par les militaires après le coup d'État de Augusto Pinochet. Enlevé au Stade National, il a été torturé, humilié, et finalement assassiné en septembre 1973. En pleine dictature, son épouse Joan Turner a dû faire l'enterrement, dans un cimetière de Santiago, en tout secret en raison de la ménace de la répression. Un seul ami était présent.

Passés 36 ans de sa mort, les pompes funèbres et des hommages lui sont rendues. Artistes et ouvriers, paysans et étudiants, personnalités politiques comme la présidente Michelle Bachelet se furent présents. Musiciens populaires chantaient « Charagua » et « El Aparecido » pendant que les gens passaient par le cercueil pour faire son adieu: « Este funeral no es un funeral normal, sí es un acto de amor y duelo por todos nuestros muertos, y también la celebración de la vida de Víctor y de todos ellos. Se ha demostrado que Víctor vive en el corazón de su pueblo. Víctor está por aquí, con nosotros. Sus canciones ahora están cantadas por tantos jóvenes, tantos músicos. Víctor sigue aquí viviendo y luchando con nosotros para un mundo mejor » a prononcé son épouse.

La souffrance est devenu l'espoir. La mort a donné lieu au mythe. Un rituel que symbolise la mémoire de tous et toutes les disparus, chiliens et latino américains: échos du cri « Nunca más » de ces qui attendent encore pour la voix de la justice.


vendredi 4 décembre 2009

Victoire de la gauche en Uruguay

José Mujica a été élu dimanche 29 novembre 2009 Président de la République Orientale de l'Uruguay. Avec l'économiste Danilo Astori comme candidat à la vice-présidence, l'ex-guérillero tupamaro a remporté près de 53% des votes, devançant de presque 10 points son adversaire et ex-président Luis Alberto Lacalle (42,92%)


[données officielles publiées dans le quotidien La Repulica, édition du 30/11/2009 après le dépouillement de 96,27% des votes]. Le soutien du Parti Colorado (arrivé en troisième place lors du premier tour) n'a pas suffi au Parti National et depuis le jeudi 26 novembre l'avantage du Frente Amplio était souligné par les différents instituts de sondages. ceux-ci attribuaient entre 50 et 51% des votes à Mujica, contre une projection entre 41% et 45% pour Lacalle.

lundi 16 novembre 2009

Amérique latine, une nouvelle vision de la jeunesse


En Octobre 2008, la CEPAL en collaboration avec l'Organización Iberoamérica de Juventud (OIJ), a publié un rapport sur la situation de la jeunesse latino-américaine, intitulé : « Juventud y cohesión social en Iberoamérica : un modelo para armar ». Celui-ci étudie les liens entre la jeunesse et la cohésion sociale. Il est disponible sur le site internet de la CEPAL.

La question de la jeunesse et de son rôle dans la société, est particulièrement importante pour ce continent jeune, qui comptera en 2010, 103 596 592 millions de jeunes entre 15 et 24 ans (chiffre de la CELADE, Sept. 2009).

Or elle préoccupe toutes les sociétés, la France ne s'interroge t-elle pas sur son “identité nationale”? Il s'agit de savoir comment construire et assurer la cohésion sociale entre les membres d'une société. Qu'est ce qui constitue le “vivre ensemble”? Lui permet de fonctionner, ou au contraire, qu'est ce qui favorise une certaine désintégration sociale?

Cette étude propose des apports majeurs, concernant la perception des relations entre la jeunesse et la cohésion sociale.

Tout d'abord, elle s'intéresse à une catégorie particulière et souvent ignorée dans les rapports internationaux, alors même qu'elle représente l'avenir : la jeunesse. Ensuite, elle adopte un point de vue original, rompant avec les discours habituels concernant la pauvreté ou la violence juvénile. Puisqu'elle traite de la jeunesse sous l'angle de la cohésion sociale. Ainsi, l'étude présente la jeunesse comme composante essentielle de la cohésion sociale, et non comme péril pour cette dernière. Enfin, dans ce rapport la cohésion sociale est entendue dans une conception élargie, servant à définir les structures de socialisation et d'intégration : l'école, l'emploi, la protection sociale... ; mais aussi le sentiment d'appartenance à la communauté.

La première partie du rapport « Pobrezas y riesgos », propose un panorama de la situation de la jeunesse latino-américaine.
Elle recense les diverses formes de pauvreté qui touche cette catégorie de la population, la pauvreté économique, mais aussi les difficultés d’accès à l’éducation, à la santé ou au marché de l’emploi. Le rapport met également en évidence les différents facteurs d’exclusion sociale, étudiés en profondeur dans des chapitres dédiés, à la pauvreté économique et les inégalités, à la mortalité, à la maternité juvénile et ses conséquences en terme d’exclusion, associé au retard du continent concernant les droits reproductifs, et enfin à la violence. Ce chapitre a le mérite d’aborder la violence dans son ensemble, la violence juvénile mais aussi la violence entre jeunes et surtout les violences faîtes aux jeunes.

La seconde et la troisième partie (« El desarollo de las capacidades » et « Generación de oportunidades »), nous ont semblées particulièrement intéressantes car elles proposent des solutions à l’exclusion des jeunes, en adoptant un point de vue rare et plutôt positif, qui est de considérer la jeunesse comme un « capital humain » à valoriser et non comme un péril pour la société.

Dans la seconde partie, l’accent est mis sur le rôle central de l’éducation dans le développement des capacités de la jeunesse, et d’autre part, sur les carences de systèmes éducatifs inégalitaires polarisés, en ce qui concerne la qualité et la couverture de l’enseignement. De plus, cette partie relève l’importance de l’accès aux nouveaux outils de communication (informatique, internet…), pour l’information.

La troisième partie de l’étude, reprend les perspectives spatiales ou de l’âge sources d’exclusion pour valoriser les potentiels de la jeunesse, notamment pour l’insertion au marché du travail.

Enfin, les quatrième et cinquième partie (« Juventud, familia y sentido de pertenencia » et « La institucionalidad y las políticas de juventud en la perspectiva de cohesión social »), traitent plus directement du thème de la cohésion sociale au travers des relations entre les jeunes et deux structures de socialisation : la famille et les institutions. En ce qui concerne le cadre familial, la CEPAL observe les rapports intergénérationnels, les rapports de genre mais surtout interroge le ressenti et la perception des jeunes par rapport à la famille.

Enfin, dans la dernière partie, consacrée aux institutions, l’apport de l’étude est de donner des pistes pour de nouvelles politiques en direction de la jeunesse, plus à l’écoute de ses besoins et influencées par l’objectif de cohésion sociale.

Ce rapport est donc novateur et digne d’intérêt, car il considère la jeunesse comme acteur central de la société et moteur de la cohésion sociale. De plus, dans un travail riche de collecte de données ou de témoignages, il propose un panorama sur la situation actuelle de la jeunesse latino-américaine. Et pour conclure il ne se limite pas à une énumération des problèmes de violence ou d’exclusion sociale que rencontrent les jeunes, mais il imagine des solutions, « un modelo para armar », afin de changer la perception de cette jeunesse et les politiques qui lui sont destinées.

Téléchargez le rapport (8Mb). Une synthèse est également proposée, ainsi que des versions en anglais ou en portugais.


Pauline Ollier

mercredi 28 octobre 2009

Résultats en Uruguay

Ballotage. Finalement, le parti parti du président sortant Tabaré Vásquez, n'a pas réussi une victoire au premier tour, à l'exemple de ce qui est passé lors du scrutin 2004. En conséquence, il aura lieu un second tour le 29 novembre, entre le candidat José Mijica et Luis Alberto Lacalle, du Parti National qui a reçu l'appui du Parti Colorado, arrivé en troisième.

Echec des référendums. Les deux proposes de changement constitutionnel, celle qui autoriserait le vote des résidents à l'étranger et celle de l'abrogation de la loi d'amnistie des militaires, ont été refusées en ayant obtenu 36,93% et 47,36% respectivement. Autant que le scrutin présidentiel, pour l'approbation des référendums il fallait une majorité de 50% des votes plus un.
Le nouveau Congres National. Les résultats officiels ne sont pas encore définitifs car la Corte Nacional Electoral doit conclure le compte des votos observados (près de 32 mil). Nonobstant, il est peu probable que ces votes puissent changer la configuration parlementaire.

En ayant obtenu 47,49% des votes, le Frente Amplio, a garanti le maintien de la majorité au sénat (avec 16 banques) et aussi celle de l'assemblée où il a conquis 50 sièges de députés. Quoiqu'il ait arrivé en seconde place (28,94%), le Partido Nacional registre un recul de plus de 5% par rapport aux élections 2004, ce qui résulte un baisse dans sa représentation parlementaire. Il a perdu deux sièges au sénat et quatre à l'assemblée en comptant désormais 9 et 30 banques respectivement. Pour cette campagne, la droite a essayé une stratégie différente. En apportant un discours modéré et un programme politique pour se rassembler à une social démocratie, le Partido Colorado a réussi une progression de 6,5% dans son score, en comparaison avec le dernier scrutin. Le ticket composée par Pedro Bordaberry (fis du ex-dictateur Juan María Bordaberry) et le joueur de football Hugo de León a obtenu 16,9% des votes. Par conséquence, les colorados ont élu 5 sénateurs et 17 députés. Malgré les projections des enquêtes d'intention, le Partido Independiente n'a compté que 2,47% des votes. Si bien que ce score a suffit pour assurer une deuxième banque à l'assemblée, il ne permet pas la conquête de la siège au sénat qui a été envisagé lors que les sondages lui attribuaient 3%. Finalement en ayant emporté 0,67% des votes, l'Assemblea Popular n'a pas obtenu une représentation parlementaire.



lundi 26 octobre 2009

La fiesta de Dudamel


On n’aura jamais autant entendu parler espagnol à la salle Pleyel, où Gustavo Dudamel dirigeait ces 23 et 24 octobre l’Orchestre Simón Bolivar des Jeunes du Venezuela et l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Ce sont plus de 200 musiciens qui ont interprété vendredi la Symphonie fantastique de Berlioz. Et autant pour bisser au rythme du Mambo de Bernstein, se lever de leurs chaises, danser avec leurs instruments et entraîner le public à lancer avec eux ce fameux « Mambo ! »


Samedi, l’effectif était réduit à l’Orchestre Simón Bolivar seul, soit une bonne centaine de musiciens. S’il a eu autant de succès pour son Mambo que la veille, il a régalé le public de deux autres bis : la Danse n°4 du Ballet Estancia Malambo de l'Argentin Alberto Ginastera et la Marche de Radetzky de Johann Strauss père, connue pour clore le traditionnel concert du nouvel an de l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Impossible de ne pas se sentir l’envie de battre des mains dans ce dernier bis, élan auquel le public de Pleyel, dirigé par la baguette même de Dudamel, n’a pas résisté, au gré des crescendo et decrescendo de l’orchestre. Une vraie fiesta où quelques notes de trompettes au moment où le public gagnait les sorties ont fait durer son plaisir et lui ont fait répondre quelques « Olé ! »

C’est certain, l’enthousiasme et la fougue de ce jeune chef d’orchestre galvanise autant le public que les orchestres. À 28 ans, il dirige depuis dix ans déjà l’Orchestre Simon Bolivar et vient de prendre la direction de l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles. Si, en 2007, il obtenait le Premio de la Latindad, il a reçu samedi l’insigne de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres des mains de Frédéric Mitterrand.
Autre récompensé, José Antonio Abreu a reçu l’insigne d’Officier de la Légion d’honneur en reconnaissance de son travail. En 1975, celui-ci fonde le Système national d’orchestres de jeunes et d’enfants au Venezuela, fondation d’État plus couramment appelée « le Sistema ». Ce réseau d'orchestre permet à quelque 265000 enfants de 2 à 20 ans de recevoir une éducation musicale poussée dans les bidonvilles du pays. Pour eux, la musique est un moyen d’ascension sociale, un espoir, d'où le slogan du Sistema "tocar y luchar" (jouer et lutter). Selon son fondateur, le Sistema est un programme d'insertion sociale très rapide et efficace parce qu'il gagne l'entourage de chaque enfant inscrit : parents, amis, voisins. C'est aussi un lieu d'apprentissage du travail en équipe, de la discipline, de la rigueur et de la concentration ; un lieu où les parents envoient volontiers leurs enfants, rassurés de les savoir au centre plutôt que dans la rue, à affronter la violence aveugle des gangs et d'autres dangers comme la drogue. Ce programme est aussi un moyen de leur faire parvenir les apports d’une musique considérée comme fermée au peuple pour qu’ils se l’approprient et l’enrichissent de leur propre culture.
Le résultat est là : le Sistema a été imité dans 25 pays et l'Organisation des États américains s'en est inspiré pour créer l'Orchestre des jeunes des Amériques. Quant à l'Orchestre Simon Bolivar, il est désormais reconnu internationalement et sa couleur particulière nous fait prendre conscience de ce que la culture latino-américaine peut apporter à notre musique occidentale.


Pour plus d’information sur le Sistema, un reportage sur Arte lundi 26 octobre à 22h15 à revoir pendant une semaine sur
Pour écouter le concert du 23 octobre, suivre ce lien :

dimanche 25 octobre 2009

Présidentielles au Uruguay: derniers sondages


Ce dimanche 25 octobre les uruguayens sont appelés aux urnes pour élire le successeur de Tabaré Vásquez, renouveler le Congrès national et également pour juger des projets de réforme constitutionnelle.

L'élection concerne le poste la présidence de la République, le renouvellement du Congrès, 30 sénateurs et 99 députes, aussi que 5 membres de chaque Junte Électorale. L'élection présidentielle est gagnée par la majorité absolue (50% des voix plus 1, compte tenue les votes blancs et nuls) et dans le cas où aucun candidat ne l'atteint, au cours d'un second tour qui aura lieu le dimanche 29 novembre.

En outre, les électeurs devront aussi s'exprimer sur deux projets de réforme de la Constitution dont l'approbation demande aussi la majorité absolue. Le premier propose des changements des règles électorales pour permettre le vote à l'étranger (à partir de 2014) et, le second concerne l'abrogation1 des entraves constitutionnelles pour l'investigation des crimes commis pendant la dictature militaire.

Les sondages publiés par le quotidien El País2 présentent le cours des intentions de vote depuis septembre 2008. Ces donnés permettent d'observer un comportement assez stable pour tous les partis qui, malgré quelques petites variations, n'ont pas connu ni montées ni chutes abruptes.

On peut en effet supposer un comportement électoral consolidé chez le publique uruguayen. Ainsi depuis un an, le Frente Amplio est annoncé en tête de la compétition, avec un taux d'intentions de 44% (en dépit d'une baisse à 40% enregistrée entre novembre 2008 et février 2009). Ensuite vient le Parti Nacional qui jusqu'en mai comptait 35% des intentions, avec un pic de 37% en juin pour finalement reculer à 31%. Le parti Colorado a toujours vécu une oscillation entre 8% et 10% pour arriver à 11% en octobre. Le Parti Independiente a été évalué à 1% jusqu'à juin et désormais on lui attribue 2%. Le pourcentage d'électeurs indécis et ceux qui disent vouloir voter blanc ou nul était de 13% en septembre 2008, a monté a 15% en décembre, s'est stabilisé à 12% à partir de mars pour tomber à 9% en juin et remonter légèrement à 11% en octobre.

Le scenario fournit par les dernière sondages indique que probablement a décision du scrutin présidentiel aura lieu dans un deuxième tour. Toutefois, étant donné les estimatives de l'institut Interconsult selon lesquelles en plus des 6% des indécis il y a 10% des électeurs que peuvent changer leurs votes, une décision au premier tour n'est pas encore écartée.

En somme, quelle que soit l'incertitude à l'égard d'une décision dans le premier au deuxième tour, une défaite du parti au pouvoir est peu envisageable. Mais il reste encore un enjeu important, la dispute des banques au Congrès. Puisque pour les législatives ne sont décomptés que les votes valides, le Frente Amplio pourrait remporter la majorité au Parlement, évitant une situation de cohabitation.


1Plus précisément, il s'agit de l'annulation des articles d'annulation des articles 1èr à 4ème de la loi 15.848 de caducidad de la pretension punitiva del Estado. Ce referendum est le résultat d'une forte mobilisation de la société civile qui a travers La Coordinadora Nacional por la Anulacion de la Ley de Caducidad a obtenu 340.043 signatures favorables a la convocation d'un plébiscite pour l'abrogation de la loi (ce qui est prévue dans la Constitution du pays).
2Le quotidien a mis en place un observatoire des sondages pour suivre les intentions de vote, le projet Encuesta de Encuestas (EdE) qui est dirigé pour la Facultad de Comunicación de la Universidad de Montevideo. Il présente dans son graphique une moyenne ponderé parmi les sondages de distincts instituts.

samedi 10 octobre 2009

Medio Término en Argentina: un panorama de los comicios 2009


Argentina fue a las urnas el pasado 28 de junio para renovar parte de sus legisladores. Un escrutinio de medio término en el cual algunas circunscripciones eligieron diputados provinciales y concejales municipales, aunque el principal enfoque estuvo en la renovación del Congreso de la Nación. Se puso en juego un tercio de las 72 bancas del Senado, cuya elección se hizo en ocho provincias mientras que las 127 sillas de diputados (la mitad de la Cámara baja) fueron disputadas entre todos los distritos. El hincapié del escrutinio estuvo, por lo tanto, en los enjeux nacionales, a nivel político, y económico.
La economía argentina no logró, al igual que otros países emergentes, el desacople de la crisis internacional que se suponía posible, cuando la tendencia inflacionaria en la economía mundial y el alza de los commodities permitieran seguir su trayectoria de crecimiento. A partir del segundo semestre del 2008, pasó a ser afectada, fundamentalmente por dos mecanismos de transmisión: la caída de los precios de materias primas (o más bien un re-ajustamiento posterior a la fase especulativa) y la salida de grandes volúmenes de capitales, provocado principalmente por empresas transnacionales que inyectaban liquidez en sus matrices. A la fuerte expansión del PIB que se registraba desde 2003 se contrapone un crecimiento modesto del 2% en el primer trimestre del 2009 (con una proyección de 6,8% para este año). Los impactos son sentidos tanto en la caída de la producción y en el nivel de empleo, como en la recaudación fiscal de gobierno. El debate sobre las alternativas de desarrollo fue puesto en la orden del día y el manejo de la crisis se tornó una pieza clave en el tablero político argentino, por lo que la presidencia nacional adelantó las elecciones legislativas que según el código electoral están previstas para octubre.
El gobierno de Cristina Kirchner se encuentra desgastado habiendo despendido un enorme capital político en la pugna con el sector rural que estalló en marzo del 2008. Fracasó en el intento de elevar los impuestos sobre la exportación de productos agrarios lo que fue obstaculizado por la resistencia de poderosos intereses clasistas representados por la Mesa de Enlace. A esto se acrecientan las estatizaciones de las aerolíneas argentinas y de las jubilaciones, fuertemente criticadas por parte de los empresarios y sus entidades representativas, que no tienen interés en una expansión del rol estatal en la economía. Finalmente, el gobierno abrió otro dossier, proponiendo una nueva ley regulatoria de los medios de comunicación pasando a enfrentar también la oposición del sector mediático. Al adelantar el escrutinio, la estrategia oficialista buscaba reducir los efectos electorales de la crisis, y fomentar en el conjunto de la sociedad “un debate sobre el modelo del País” proponiendo “confrontar los modelos en pugna”. La apuesta del gobierno consistía en someter su gestión a un plebiscito para reforzar su capital político a través de una victoria electoral (un voto de confianza).
Proponemos en el presente dossier, una crónica del proceso electoral del 2009. En la primera sesión trazamos una sinopsis del escenario político, y sus principales evoluciones desde la redemocratización, lo que constatamos indispensable para la comprensión de la fluidez de los actores políticos y la dificultad de definir con claridad las fronteras partidarias. En la segunda sesión, presentaremos los actores centrales de la oferta política, sus estrategias en estos comicios y habremos de inducir algunas reflexiones sobre el efecto de posicionamiento con vistas a la disputa presidencial del 2011. En nuestras consideraciones finales, indagaremos sobre la nueva relación entre las fuerzas políticas que emerge de las urnas.
Texto completo en PDF:

Medio Término en Argentina: las bancas en juego




Medio Término en Argentina: principales resultados











lundi 8 juin 2009

Patriot Act bolivien ?

Les débats (affrontements ?) les plus récents en Bolivie portent sur la nouvelle dénomination de l’Etat bolivien. D’un côté comme de l’autre, on commente largement le fait que le pays ne soit officiellement plus une République (ce qu’elle était depuis 200 ans) mais un Etat Plurinational. Le changement de dénomination reflète les transformations actuelles du cadre juridique et institutionnel bolivien, au-delà du vote d’une nouvelle constitution. De fait, la vie politique bolivienne est aujourd'hui caractérisée par certaines de mesures contraire à la notion d’Etat de droit. Court résumé de 3 décisions récentes emblématiques du difficile contexte actuel :

Le 20 mai 2009, le président Evo Morales a approuvé le Décret Suprême n°0138, suscitant aujourd'hui de très nombreux débats. Selon ses opposants, le décret signe la fin de la présomption d’innocence pour les « terroristes ». De fait, le texte fait écho à un climat délétère, comme je l’ai signalé dans un précédent billet, suite à un attentat contre un clerc important de Santa Cruz. La vie politique bolivienne étant constamment égayée par de nouveaux évènement internes (que ce soit suite à une déclaration d'un membre du gouvernement ou aux agissements de la diverses oppositions), le terrorisme « cruceño » a depuis été relégué au second plan.

Néanmoins, le décret 0138 est surement le coup le plus dur porté à l’opposition de Santa Cruz. De fait, toute personne soupçonnée d’être terroriste ou d’avoir des liens avec les terroristes se verra immédiatement confisquer l’ensemble de ses biens et valeurs. Aucun jugement n’aura besoin d’être rendu pour l’application de la mesure.

Evo Morales a appuyé son argumentaire sur la nécessité de condamner les traitres à la patrie ayant tenté de diviser le pays. Au-delà de l’attentat ayant engendré le décret, chaque citoyen bolivien est dorénavant potentiellement sujet à la confiscation de tous ses biens, selon le libre discrédit de le « fiscal » (personne chargée de mener l’enquête). Le problème étant, comme on l'a dit précédemment que Marcelo Soza, le « fiscal » aujourd’hui en charge de l’enquête sur le terrorisme, est sous le coup de 6 chefs d’accusation.


La rhétorique gouvernementale et l’atteinte potentielle portée aux libertés boliviennes ont soulevé un tollé au sein de l’opposition. Le président du Sénat, Oscar Ortiz, a parlé de terrorisme d’Etat. Certains médias ont pour leur part parlé de « Patriot Act Bolivien ».

Tentant de limiter la production des effets juridiques du décret, l’opposition a dénoncé l’anticonstitutionnalité du texte, parlant de pas moins de 15 violations. Le problème, et c’est là le deuxième cas emblématique, est qu’il n’y a aujourd’hui plus de contrôle constitutionnel en Bolivie. Le Tribunal Constitutionnel cessera en effet de fonctionner le 26 juin prochain, suite à la démission de la dernière magistrate en poste, Silvia Salame. Les quatre autres magistrats ont successivement démissionné depuis 2007, se plaignant des constantes pressions à leur égard et d’une réduction drastique du budget de leur institution. 4000 plaintes concernant 27 000 citoyens sont accumulées pendant les deux années. En janvier, déjà, l’Union Européenne soulignait cette faille juridique problématique.

Le gouvernement argumente que le Tribunal Constitutionnel est une institution politique car ses membres ont été nommés par les gouvernements précédents. La nouvelle constitution stipule que les membres du TC seront élus par le peuple (les candidats seront préalablement sélectionnés par l’assemblée plurinationale – chambre basse). Le gouvernement affirme donc attendre les prochaines échéances électorales pour refaire fonctionner l’institution.

Le troisième fait emblématique est le vote par la chambre basse d’une loi autorisant l’utilisation de l’ancien registre électoral pour les prochaines élections, en cas de non établissement du nouveau patron. Cette question a précisément été l’un des points les plus importants de la nouvelle loi électorale. La loi est encore loin d’être promulguée, le Sénat acquis à l’opposition n’ayant pas dit son dernier mot. La Cours Nationale Electorale a cependant certifié qu’elle mettra en place le nouveau registre à temps, malgré les nombreux problèmes de délais et de moyens.

Au risque de me répéter, ces trois mesures permettent de constater la très forte tension régnant aujourd'hui en Bolivie, instaurant un climat délétère.

lundi 18 mai 2009

Corruption et enjeux politiques au sud du Brésil



Un vol d'oiseau sur le Rio Grande do Sul

Au cours des dernière semaines des nouvelles dénonces de corruption ont provoqué un bouleversement dans la scène politique de l''État fédéré du Rio Grande do Sul. Véhiculées dans la presse national et régional, celles-là ont devenu un élément important dans le complexe échiquier pour la succession de 2010. Le présent article objective exposer l'actuelle conjoncture politique de celui qui es la quatrième économie e le cinquième État le plus peuplé du pays1.


Élue en 2006, la gestion Mme Yeda Crusius (PSDB) a hérité une crise dans les comptes publiques dont le déficit atteignait de 2,4 billions de reais2. On a donc mis en œuvre un programme d'ajustement fiscaux, le « choc de gestion » et d'augmentation d'impôts. Au cours des deux premières années, le gouvernement a réduit à la moitié ce déficit, ce qui a eu un haut prix politique, et une chute dramatique dans les indicateurs de popularité. Quoique l'année 2009 devrait être marqué para la reprise des investissements, l'image du gouvernement fut plutôt offusqué par des affairesde de corruption.


Bien que les partis comme le PT et du PSOL fissent une forte opposition, le gouvernement fut ébranlé par son propre alliance politique. Les premières dénonciations ont parti en 2008 du vice gouverneur M. Paulo Feijó (DEM). En effet, la relation entre les deux premiers mandataires de l'État est en dégringolade depuis le début du mandat, en ayant eu entre eux des échanges publiques de mots trop acides. M. Feijó a enregistré e a divulgué des conversations qui démontrent des conduites corrompues au sein de la gestion. Le chef de gouvernement, Cézar Buzatto, s'est fait démissionner en juin après la révélation d'une converse téléphonique dans laquelle il confirme que après la concession de l'administration d'entreprises publiques aux partis de la base alliée, celles son convertit en ressources de financement électorale a travers de la manipulation de licitations et de la surfacturation des achats. En autre, on a découvert une fraude dans le Département de circulation (Detran-RS) pour qui la police fédérale a estimé que, pendant les cinq dernières années, le montant d'argent publique détourné fut de 44 millions de reais. Parmi les suspects arrêtées figure l'entrepreneur Lair Ferst qui a participé dans l'administration de finances de la campagne de Yeda. D'ailleurs, le Tribunal de comptes et la Police Fédérale enquêtent sur des possibles détournements dans la banque étatique Banrisul (27 millions) et dans la Compagnie d'énergie (20 millions), dont la gestion est en charge du PMDB et du PTB respectivement, des parties qui composent l'alliance politique que soutienne le gouvernement. Dans la semaine passé des nouvelles révélations faites pour le magazine Veja supposent des irrégularités sur le financement de la campagne de Mme Yeda, des accusations qui touchent son époux M. Carlos Crusius. Le PT est désormais mobilisé pour l'établissement d'une Commission parlementaire d'enquête (CPI).


Les affaires de corruption ont devenu un pièce clé dans l'échiquier politique qu'envisage les élections de 2010. Depuis le début de l'année on spécule sur les possibles candidatures au gouvernement du Rio Grande do Sul. Le PT pourrait lancer Olivio Dutra3 ou le Ministre de la Justice Tarso Genro4 qui est déjà pré-candidat. Au PMDB, parti traditionnellement fort dans l'état, on cogite les noms de l'actuel maire de la capital José Fogaça5 et de l'ex-gouverneur Germano Rigotto6 qui s'intéresse plutôt à une candidature pour le sénat. Le PSDB évaluait en mars que Mme. Yeda disposait encore du capital politique pour essayer une réélection, surtout si les résultats des projets d'investissements prévus par cette année résultaient positifs. Néanmoins, informe le quotidien Folha de São Paulo, les nouvelles accusations de corruption peuvent renforcer une deuxième option que défend une alliance avec le PMDB sur une candidature de Fogaça. Et voici que l'enjeu national se fait aussi présent. Une telle alliance répondait aussi à une stratégie de former des alliances régionales entre les deux partis pour renforcer le candidat du PSDB à la présidence et réduire le espace politique du PT. D'autre coté, le PMDB du Rio Grande do Sul soutien l'idée de que son parti lance une candidature propre à la présidence. Même si celle n'était pas adopté, on demande l'autonomie au dirigeants régionaux pour qu'ils puissent, à exemple de ce qui s'est passé en 2006, établir les alliances au delà des accords de la direction national du parti. De toute façon, il est peu probable une alliance entre PT et PMDB dans cet État tandis l'affaiblissement du gouvernement Yeda pourrait renforcer une candidature de Fogaça ou Rigotto.


Les enjeux régionaux et nationaux se croisent donc au Rio Grande do Sul, que passe a jouer un rôle important dans la complexe architecture des alliances du scenario politique brésilien.

Notes:
1En effet selon les donnés du recensement démographique du IBGE pour 2007 l'État du Rio Grande do Sul compte en peu plus de 10,5 millions d'habitants et son économie représente 6,82% du PIB brésilien. In: Atlas socio econômico do Rio Grande do Sul, disponible en ligne sur le site: http://www.scp.rs.gov.br/atlas/atlas.asp?menu=292
2A titre de référence, le PIB de l'État fut, en 2008, de 193.485 millions de reais. Ibidem.
3Olivio Dutra fut le Maire de la capitale, Porto Alegre entre 1989-1992 et gouverneur de l'État entre 1999-2002.
4Tarso Genro fut le Maire de Porto Alegre pendant les mandats de 1993-1996 et 2001-2002;
5Après quatre gestions successives du PT, José Fogaça est devenu maire de Porto Alegre en 2005 et réélu pour le mandat de 2009-2012.
6Germano Rigotto a eu le mandat de gouverneur entre 2003-2006.


Références Bibliographiques:

Folha online, édition du 12/05/09. Tucanos cogitan rifar Yeda Crusius e apoiar peemedebista José Fogaça. http://www1.folha.uol.com.br/folha/brasil/ult96u564267.shtml

Folha online, édition du 17/05/09. Governo Yeda completa 29 meses de crise. http://www1.folha.uol.com.br/folha/brasil/ult96u567160.shtml

O Globo, édition du 11/05/09. PMDB Gaucho prepara cruzada pela candidatura propria à Presidência e dificulta aliança com PT no RS. http://oglobo.globo.com/pais/mat/2009/05/11/pmdb-gaucho-prepara-cruzada-pela-candidatura-propria-presidencia-dificulta-alianca-com-pt-no-rs-755812056.asp

Revista Veja, édition du 18/06/08. A crise permanente. http://veja.abril.com.br/180608/p_068.shtml

Revista Veja, édition du 13/05/09. O caixa dois do caixa dois. http://veja.abril.com.br/130509/p_064.shtml

Zero Hora, édition du 17/05/09. Lider do PDT indica que partido deve endossar CPI contra Yeda. http://zerohora.clicrbs.com.br/zerohora/jsp/default.jsp?uf=1&local=1&section=Pol%EDtica&newsID=a2513212.xml

dimanche 17 mai 2009

La politique s'invite au Salon du Livre de Buenos Aires

Du 23 avril au 11 mai, Buenos Aires accueillait sa 35e édition du Salon international du Livre sur le thème « penser avec les livres ». Avant même son inauguration, la crise faisait craindre aux organisateurs une moindre participation des Argentins et c’est dans une inquiétude croissante que s’est déroulée la première semaine[1]. Mais la « Nuit de la Ville », le 30 avril, a donné le coup de publicité qu’il manquait à la Feria. Cette fête culturelle gratuite a duré toute la nuit, proposant spectacles de musique, de danses, récitations de poésie, présentation de livres et jeux.
Pourtant, avec 80 000 visiteurs en moins, la Feria n’aura pas battu son record de l’an dernier. Sur 19 jours la participation du public a baissé de 6 à 7%
[2] par rapport à l’année dernière, attirant 1.160.000 visiteurs. Le président de la Fondation El Libro, Horacio García l’explique non seulement par la crise mais aussi par la peur de la grippe porcine, certaines personnes portant d’ailleurs un masque lors de la Nuit de la Ville.

Le titre le plus consulté de la Feria – et donc était mis en évidence dans la plupart des stands – a été Les veines ouvertes de l’Amérique latine, de l’uruguayen Eduardo Galeano. Il faut dire que la conjoncture s’y prêtait. Le 14 avril, Chavez en offrait un exemplaire à Barack Obama. Ce livre, selon l’auteur, « montre la réalité historique de notre Amérique, et nous offre une vision claire du contexte politique de l’Amérique (…). À lire ces lignes (…) nous voyons l’énorme perte que nous avons subite dans le courant de notre civilisation, nous pouvons observer différents personnages et attitudes qui peu à peu nous ont mené de l’opulence moyenne à une pauvreté qui menace de se convertir en misère »
[3]. Un premier signe de l’immixtion de la politique dans la Feria.

À quelques mois des élections législatives, le climat politique pouvait se mesurer dès l’acte d’inauguration, où les faits et gestes de chaque invité prenaient une dimension dramatique. La Nación par exemple décrit : « Nun (secrétaire à la Culture de la Nation) s’est assis au premier rang sans saluer Mauricio Macri (le chef du gouvernement de Buenos Aires)(…) il n’y eut aucun dialogue entre les deux. Pourtant certaines sources ont dit qu’ils s’étaient salués avant de rentrer dans la salle »
[4].
La Feria a aussi été un terrain de revendications politiques, celui de professeurs, d’étudiants, de femmes, de journalistes. Dès l’inauguration, une centaine de professeurs et étudiants des écoles publiques du secondaire sont intervenus durant le discours de Macri pour réclamer des augmentations de salaires et des bourses d’étude
[5]. Le 4 mai, un débat sur le « développement de la femme dans le monde après le Sommet de Pékin de 1995 » cherchait à analyser les avancées et questions en suspens en relation à la Déclaration et Plateforme d’Action de Pékin. Le 29 avril, les journalistes intervenant lors d’une table ronde sur la liberté de la presse en Argentine concordaient tous à dire que la liberté de la presse était en sérieux danger[6]. Selon Joaquín Morales Solá, journaliste à la Nación, « l’Argentine est dans une crise inédite de partis politiques et institutionnelle, et les journalistes occupent un lieu de pouvoir qui ne leur correspond pas. Cette absence de partis a mené ce gouvernement à être celui qui dépend le plus de la presse depuis 1983 et, contradictoirement, celui qui disqualifie le plus la presse depuis 1983 ». Autre danger qu’il relève : l’information publique est concentrée en peu de mains. Pepe Eliaschev, chroniqueur dans de nombreux médias, a ajouté que « jamais le pays n’avait vécu autant d’obscurité informative en démocratie ».
Cette même démocratie sur laquelle, pendant cinq jours, et en quasi synchronisme avec Grenoble, portait la rencontre internationale. Abordant divers sujets – penser la démocratie ; construction de valeurs dans les démocraties latino-américaines ; démocratie et inclusion sociale ; démocratie, droits de l’homme et littérature ; le futur des institutions de la démocratie dans l’Argentine du Bicentenaire – le discours des intervenants rejoignait celui des journalistes : « Le pays n’est pas encore mûr pour qu’arrêtent de se haïr la gauche et la droite. Il faut pouvoir débattre sans dégainer »
[7] disait Santiago Kovadloff. Et d’ajouter sombrement que « le Processus de Réorganisation Nationale[8] qui a pour base d’en finir avec l’autre a triomphé ».

Avec le recul, c’est un concentré des problèmes politiques en Argentine que la Feria del Libro a exposé au public. Lieu de débats et de dialogues, de visibilité des acteurs politiques, elle a permis de rassembler tous les citoyens autour d’une littérature qui englobe tous les sujets. La Feria del Libro peut ainsi être considérée comme un forum démocratique. Et le thème « penser avec les livres » était un appel à une réflexion critique sur notre temps, réflexion aujourd’hui soutenue par la lecture plus que par la télévision.

[1] http://www.el-libro.org.ar/
[2] http://www.lanacion.com.ar/nota.asp?nota_id=1127092
[3] http://www.librosdeluz.net/2007/11/las-venas-abiertas-de-america-latina-eduardo-galeano-resumen-gratis.html
[4] http://www.lanacion.com.ar/nota.asp?nota_id=1121519
[5] http://www.ansa.it/ansalatina/notizie/notiziari/argentina/20090424120134865956.html
[6] http://www.lanacion.com.ar/nota.asp?nota_id=1122950
[7] http://www.lagaceta.com.ar/nota/325577/LGACETLiteraria/Sarcasmo_garrotazos_durante_Feria_Libro_Buenos_Aires.html
[8] Nom utilisé par les dirigeants de la dictature militaire de 1976 à 1983 pour désigner cette dictature.

lundi 11 mai 2009

Terrorisme

Depuis un peu moins d’un mois, la Bolivie vit un scénario digne des meilleurs blockbusters hollywoodiens. Le 15 avril 2009, un attentat fut perpétré à Santa Cruz contre la maison du cardinal Terrazas, important personnage de la vie politique et religieuse « cruceña » (de Santa Cruz) et connu pour ses prises de position contre le gouvernement d’Evo Morales. Le religieux fut sain et sauf, ne se trouvant alors pas dans son lieu de résidence. Ce qui n’empêcha pas l’ensemble de la classe politique de logiquement condamner la tentative d’assassinant, les médias l’interprétant comme une énième conséquence de l’atmosphère délétère dans laquelle est plongée la Bolivie depuis quelques mois.

La logique voulait que des partisans du MAS aient perpétré l’attentat suite aux prises de position du cardinal et aux « révélations » (de longue date) d’Evo Morales sur son athéisme (ayant provoqué pas mal de remous dans le pays) accompagnées de la proclamation dans la nouvelle constitution de la Bolivie en tant qu’Etat laïque.

Deux jours plus tard, spin off incroyable, la police lança l’assaut sur un hôtel de Santa Cruz (« Hotel de las Americas »), tuant trois individus et en capturant deux. L’incompréhension, le flou total a primé pendant les deux jours suivants. La version officielle a d’abord fait état d’échanges de coups de feu (et donc de légitime défense de la part des forces gouvernementales) jusqu’à ce que le témoignage du gérant de l’hôtel ne contredisent le discours officiel. La suite nous a appris qu’il n’y avait effectivement pas eu de coups de feu, que les hommes avaient été abattus alors qu’ils dormaient (avec des armes gros calibres … sous l’oreiller – voir la photo hallucinante de Rozsa ci contre, montrant que les soldats ont d’abord pris des photos avant de tirer !).

S’en suivirent deux semaines faisant état d’une situation digne d’un vaudeville. Chaque jour, une nouvelle révélation venait donner une tout autre envergure à l’affaire. Ainsi, on a appris rapidement que les trois tués furent irlandais, hongrois et croates (l’un deux ayant jusqu’à trois nationalités). Ce qui souleva logiquement les interrogations des Etats en question, qui eurent dans un premier temps une réponse plutôt sèche du président Evo Morales (pour finalement se rétracter sous les pressions au bout de quelques jours). De fait, la rhétorique étatique s’est immédiatement orientée vers le terrorisme, Evo Morales affirmant dès le départ que les « terroristes » planifiaient de l’assassiner. En quelques jours, toute la Bolivie a appris l’existence d’un nouveau mot :magnicidio (soit la volonté de vouloir assassiner le chef d’Etat). Il est difficile de relater le flou dans lequel était plongé le pays, certains points n’ayant par ailleurs toujours pas été éclaircis (quel est le rapport entre une tentative d’assassinat un clerc foncièrement à droite et la volonté de tuer un président socialiste, par exemple ?)

Petit à petit, les médias révélèrent le passé du « chef de la bande » : Eduardo Rózsa-Flores. Ledit homme était plus qu’un mercenaire. Bolivien, Croate, Hongrois, catholique puis juif puis musulman, le terroriste a aussi été journaliste (à La Vanguardia, rien que ça), réalisateur, acteur (dans un film remarqué à l’époque et biographique). Encore plus incroyable, il avait donné une interview à la fin de 2008 à un journaliste hongrois. Celle-ci ne pouvait être diffusée que s’il venait à disparaître (une sorte de témoignage posthume). Jamais la réalité n’a autant dépassé la fiction.

La suite fut non moins agitée. Après la surprise initiale, on commença à mener l’enquête. D’un côté, un enquêteur (fiscal) fut nommé par la justice : Marcelo Soza. Celui-ci est aujourd’hui très controversé, étant actuellement sous rien de moins de six… chefs d’accusation. Ce qui n’a pas empêché le corps judiciaire de lui confirmer son soutien. D’un autre côté, une commission de parlementaire s’est saisie du dossier et mène parallèlement l’enquête. Conséquence : un certain flou règne autour des avancées du dossier et sur la personne vraiment en charge.

Au niveau politique, « le terrorisme cruceño » n’a rien arrangé. L’enquête a démontré que Rozsa voulait constituer une milice pour, selon lui, « défendre » Santa Cruz. Et qu’à terme, l’objectif était l’indépendance.

Il n’en fallu pas plus pour raviver les questions brulantes de l’autonomie des quatre départements de la demi-lune. De fil en aiguille, l’enquête a directement lié l’élite politiquecruceña au cas de terrorisme, le gouvernement et le fiscal allant même jusqu’à mettre en cause … le préfet de Santa Cruz (soit la plus haute autorité de la région), sans oublier les principaux entrepreneurs, d’autres personnages emblématiques (comme le vice président d’un des deux clubs de foot de la ville), ou encore une ONG bolivienne. Concrètement, l’enquête a situé le quartier général des « terroristes » au même endroit que le QG de l’opposition de Santa Cruz demandant l’autonomie. Rapidement, le fiscal Soza a affirmé que les élites ont soutenu financièrement les mercenaires, permettant même leur venue (précisons que le propos est simplifié à l’extrême).

Il y a deux semaines, Evo Morales a mis en cause la porosité des frontières (tous les miliciens étant entrés illégalement sur le territoire bolivien). 40 % de l’armée a été envoyée à Santa Cruz pour les « contrôler ». L’opposition dénonça bien sur une manière détournée de mettre un peu plus la pression sur les autorités. C’est d’ailleurs toute la rhétorique des autonomistes qui abonde dans ce sens, accusant le gouvernement de profiter de l’aubaine pour tenter de les assommer définitivement. Certains analystes politiques dénoncent aussi une politisation de la justice, remettant en question son indépendance. S’en suivit une levée de boucliers des 4 départements, constituant chacun des comités de défense des droits de l’homme censés contrôler et limiter les pleins pouvoirs de Soza et des députés dans l’enquête. Le gouvernement n’y va d’ailleurs pas de main morte, accusant à tout bout de champ l’opposition autonomiste de « traitre de la patrie » voire affirmant qu’on a voulu créer … un nouveau Kosovo (ce qui mena les opposants à dire que s’il s’agissait là d’un nouveau Kosovo, alors Morales n’était rien de moins que Slobodan Milosevic).

Mais malgré les nombreuses dénonciations de l'opposition, les faits sont là : une partie des autonomistes a fait le choix de la violence. Ainsi, Carlos Alberto Guillén, vice président du club de foot Blooming s'est porté garant pour Rozsa lors de l'achat d'une voiture et a payé la première semaine d'hotel aux cinq mercenaires.

J’ai tenté de résumer au mieux les faits de ce dernier mois. La tache est pour le moins ardue, étant donné les « cataclysmes médiatiques » à répétition.

Du côté de l’analyse politique, on peut finalement discerner deux types d’opposition en Bolivie. « L’opposition horizontale » est de type parlementaire, droite/gauche, idéologique, on a pu l’observer lors du vote de la loi électorale transitoire.
Les évènements récents mettent en scène une « opposition verticale », soit une opposition entre le national et le régional, où les enjeux ne sont pas les mêmes.
Le préfet Rubén Costas, mis en cause, a par exemple déclaré dans La Prensa du 5 mai 2009 que le modèle politique cherché par Santa Cruz est le socialisme et plus précisément la social-démocratie. Evo Morales ou pas, les autonomistes s’opposeraient à quelque gouvernement que ce soit, si celui-ci est contre l’autonomisation de Santa Cruz. Pour être allé récemment dans cette ville, il est vrai que l’autonomie est une revendication qui va bien au-delà de la différenciation politique et qui est réellement percevable partout (sur les édifices, dans les noms des autorités, dans les conversations – voir photo personnelle ci contre). Les revendications autonomistes de datent pas d’hier, elles ont d’ailleurs partiellement mené à la démission de Carlos Mesa en 2005 (de paire avec les mouvements sociaux). On assiste néanmoins aujourd’hui à ce qui est surement un des affrontements les plus violents entre l’Etat central et les régions les plus riches de la Bolivie. Le tout sur fond de polar , de conspiration et de grandes controverses.