jeudi 16 avril 2009

Bolivie - approbation de la nouvelle loi électorale : suite et fin.

Mon précédent billet traitait de l’imbroglio politique autour du vote de la nouvelle loi électorale. Mardi 14 avril, le Congrès bolivien (Assemblée + Sénat) a approuvé le texte, largement modifié, après 10 jours de tension extrême.

De fait, jeudi dernier, date de
mon billet, l’opposition a décidé de ne plus siéger au Congrès jusqu’à nouvel ordre. Elle a ainsi empêché tout vote de la loi, le quorum nécessaire n’étant pas atteint. Pour la première fois depuis le vote de la nouvelle constitution, le gouvernement d’Evo Morales avait donc l’obligation de trouver un compromis avec l’opposition, sil voulait que sa loi soit approuvée et que des élections se tiennent en décembre.

Après l’échec d’une première table ronde et le départ des députés d’opposition, le nouveau président
a décidé de recourir à la grève de la faim. Quelques 3000 sympathisants en ont fait de même dans les principaux départements de la majorité.

L’opposition n’a cependant pas cédé à ce qu’elle a qualifié de « chantage ». Samedi dernier, tout en continuant sa grève de la faim, Evo Morales a donné son accord pour continuer les négociations et accepter les exigences de l’opposition.

Ainsi, suite aux 4 points de désaccord, de nouvelles mesures ont été adoptées :

  • Le registre (patron) électoral va être entièrement réélaboré. Il a été convenu de mettre en place un système biométrique à la place des cartes d’électeurs en vigueur. Cette option, longtemps demandée par l’opposition, avait été dans un premier temps exclue par le gouvernement, invoquant les grandes difficultés pour sa mise en application. Finalement, la tâche sera financée grâce à la coopération internationale et à de l’argent au départ prévu pour l’achat d’un avion présidentiel. Dans le même sens, la nouvelle loi attribue à la Cour Nationale Electorale les compétences et le budget nécessaire pour pouvoir mener à bien ce nouveau dispositif avant décembre. A noter qu’aucune prise de position contre le système biométrique ne s’est faite entendre (sur une éventuelle réduction des libertés fondamentales), comme ça a pu être le cas en Europe (notamment en Suisse e ce moment).

  • Le nombre de sièges indigènes à l’assemblée a été réduit de 14 à 7 (soit un pour chaque département, à l’exception de Potosi). Comme je l’ai déjà relaté, nombre d’organisations indigènes crient aujourd’hui à la trahison, en dépit des promesses d’Evo Morales de récupérer les sièges dans un futur proche.

  • Un accord a aussi été trouvé sur le vote des boliviens à l’extérieur. Un maximum de 300 000 boliviens (soit 6% des expatriés) pourront voter à chaque scrutin. Un pays ne pourra pas concentrer plus de 50 % des votes (comme ça peut être le cas en Argentine). A l’instar des organisations indigènes, les représentants des expatriés envisagent l’éventualité d’émettre un recours, invoquant une inégalité de fait des Boliviens à l’étranger.

  • Enfin, peut être la mesure la plus emblématique : le gouvernement accepterait les statuts autonomistes votés contre sa volonté dans les préfectures de l’opposition en aout 2008. Leur adéquation à la nouvelle constitution doit cependant d'abord être prouvée (contrôle de constitutionnalité). Le gouvernement s’est donc vu obliger de faire des concessions, y compris sur les points les plus polémiques telles les autonomies des départements de la « demi lune ».
Hier, Evo Morales a promulgué la loi devant des milliers de sympathisants tout en réaffirmant sa candidature pour la présidence. La campagne pour les prochaines élections générales de décembre et avril prochain est désormais lancée.

vendredi 10 avril 2009

La Crise mondiale fait des vagues au Brésil

Quelques jours après le G20, qui affichait l'ambition de répondre à la crise économique mondiale qui a éclatée en septembre 2008 (mais qui avait commencée bien longtemps avant déja), on peut s'interroger sur l'impact de cette crise au Brésil.

D'un côté, le président Luis Inacio Lula da Silva, en fonction depuis 2003, a présenté cette crise comme une "vaguelette", affichant un optimisme basé sur la forte croissance brésilienne depuis 2005, la consolidation d'un marché intérieur, la création d'un stock important de devises ainsi que la diversification des partenaires commerciaux. Cette optimisme peut aussi être assimilé au besoin de créer un climat de confiance pour éviter une spirale spéculative négative. L'opposition a immédiatement critiqué la minimisation de la crise de la part du gouvernement, ainsi que la modestie de la réponse gouvernementale : réductions d'impots pour le secteur automobile, plan de construction de logements, attisant également la venue d'une crise de plus grande ampleur.

Pour certains, notamment The Economist [1] , ce sont les archaismes de l’économie brésilienne qui expliqueraient un impact moindre de la crise internationale, comme l’importance de l’économie informelle par exemple, il n’y aurait donc pas de quoi fanfaronner.

Il faut rappeler que la plupart des partis brésiliens ont déja en ligne de mire la prochaine élection présidentielle en 2010, pour trouver un successeur à Lula, qui ne peut pas effectuer plus de deux mandats consécutifs. L’analyse de la plupart des postures et des opinions exprimées doit donc prendre en compte les stratégies pour la course à la présidentielle.

Par exemple, le plan gouvernemental de construction de logements, d'un montant de 12 milliard d'euros pour 1 millions de logements, ne prévoit pas de délais précis, ce qui est vu comme une operation de communication de la part du gouvernement fédéral et du PT (le Parti des Travailleurs, le parti de Lula, au pouvoir au sein d'une coalition), mais sans garanties de réalisation, selon l'opposition. Postures mises à part, on peut considérer que trois crises touchent actuellement le Brésil :

- Une crise financière, qui se manifeste par une baisse du cours du réal (la monnaie brésilienne depuis 1994), qui connaissait une phase de hausse depuis 2003 et une baisse des investissements étrangers effectués au Brésil en provenance des Etats-Unis et des pays européens affectés par la crise. De plus, le crédit se raréfie, bien qu’il soit déja assez faible au Brésil (en raison de taux d’intérêts très élevés).

- Une crise économique ensuite, dans le secteur externe, qui même si il ne représente que 13% du PIB, est responsable de l’augmentation spectaculaire des excédents de la balance commerciale ces dernières années et qui est touché par la réduction des importations de la part des pays du Nord, mais également des autres pays émergents, comme la Chine. La baisse du prix des matières premières agricoles et minières affecte également le résultat de la balance commerciale brésilienne, autant qu’ils avaient contribués à sa bonne santé ces dernières années.

Dans le secteur interne, la baisse de 3,6% du PIB au dernier trimestre de 2008 et la création d’un demi-million de chomeurs supplémentaires témoigne de la difficulté de certaines entreprises (notamment les filiales des industries automobiles en difficulté dans leur pays d’origine, comme Général Motors par exemple). Pour 2009, les prévisions gouvernementales qui visaient encore en septembre dernier une croissance de 4,5%, ont étés revues à la baisse, soit 1,2%.

- On peut enfin définir une crise stratégique, en rapport avec les choix du gouvernement Lula, et qui sont mis en difficulté avec la crise économique. Premièrement, la « diplomatie de l’éthanol » mise en place depuis 2006 et qui vise à libéraliser et étendre la commercialisation des biocarburants pour lesquels le Brésil est très compétitif, se voit handicapée par la baisse des prix mondiaux du pétrole, qui rendent moins attrayant les biocarburants (ceci succédant à une campagne contre les biocarburants lancée pour des motifs écologiques et moraux en 2007).

Deuxièmement, la diplomatie brésilienne a mise en avant depuis 2003 la conduite de coopérations Sud-Sud, avant tout avec des pays émergents comme l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, qui sont touchés par la crise eux aussi, ce qui pourrait réduire les échanges commerciaux avec ces pays à court terme. Les rapports avec les pays africains pourraient également être atteints par la baisse des importations de la part de ces pays, touchés de plein fouet par la baisse du prix des commodities et la réduction des investissements et crédits internationaux. L’intégration sud-américaine pourrait enfin être encore plus retardée, et notamment quelques projets phares d’intégration physique, comme le grand oléoduc reliant le Venezuela à l’Argentine.

Enfin, la principale crainte du Brésil est la recrudescence du protectionnisme comme solution à la crise, car cela affecterait encore plus les exportations des pays émergents. En effet, la volonté de liberaliser les marchés agricoles est au centre de la diplomatie brésilienne au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce depuis toujours. Cependant, depuis 2003, et malgré l’importance prise par le Brésil dans le processus de Doha, celui-ci est toujours bloqué. La crise ne facilite pas la résolution des conflits d’intérêts entre Etats-Unis, Union Européenne et grands pays émergents en faveur d’une solution mettant fin au protectionnisme agricole des pays du Nord, et pourrait donc signer un échec de la diplomatie du gouvernement Lula. C’est pourquoi avant le G20, si le président Lula s'est associé à la volonté française et allemande de mettre l'accent sur la régulation du système financier, il a mis en avant la nécessité de lutter contre le protectionnisme.

En ponctuant cette position d'une critique des "banquiers blancs aux yeux bleus" à l'origine de la crise (lors d’une réunion préparatoire au G20 avec Gordown Brown, le premier ministre britannique), Lula a voulu marquer l’affirmation nouvelle des pays émergents, en pointant les responsabilités des Etats-Unis avant tout, et en réclamant une place plus grande pour les pays émergents dans la régulation du système international. On peut analyser le propre G20 comme un reflet de cet état d’esprit général, tout comme la participation du Brésil au Fond Monétaire International en tant que créditeur, après le prêt de 4,5 milliards de dollar au Fonds, suite à la décision prise lors de la réunion du G20 de Londres d’augmenter les ressources de l’institution.

Loin du débat politique, existant dans tout pays, sur les remèdes à apporter à la crise, on peut craindre que la dégradation économique mondiale due à la crise ait un effet sur le Brésil, même s’il est indirect. De la capacité du gouvernement Lula à répondre à la crise sur la plan interne et externe dépendra sans doute le résultat du scrutin présidentiel en 2010. Affaire à suivre donc...

[1] http://www.economist.com/displaystory.cfm?story_id=13243343 (consulté le 10/05/2009)

Le BAFICI, un "aéroport pour avions-films" indépendants

Du 25 mars au 5 avril, Buenos Aires accueillait pour sa onzième édition le Festival international de cinéma indépendant : le BAFICI. En chiffre, cela donne :
- 12 jours de projections
- 417 films projetés de 45 pays différents
- 1069 séances de cinéma dans 20 salles de 7 cinémas
- 245 000 spectateurs
- 297 invités
- 11 conférences, 14 débats, 5 tables rondes, 4 présentations de livres, 2 concerts

Événement cinématographique de grande ampleur, il y en avait pour tous les goûts, des films de Jean Eustache, auquel une rétrospective était dédiée, au dernier « film sandwich » de Raoul Ruiz, Nucingen Haus, en passant par quelques navets dont on taira les noms…

En ce qui concerne les films, le choix éclectique empêche de faire ressortir des lignes générales sur la programmation. On remarquera cependant un certain attrait pour le genre docu-fiction dans le cinéma argentin. Pour certains, c’est un moyen de préserver un élément culturel d’un monde qui s’uniformise : la musique andine du Nord de l’Argentine dans Esta cajita que toco tiene boca y sabe hablar de Lorena García, la vie solitaire du gaucho dans El gaucho d’Andrés Jarach, la vie des Huaorani dans les jongles équatoriennes dans Soy Huao de Juan Baldana. D’autres ont des buts plus historiques : Rosa Patria de Santiago Loza raconte la lutte de Néstor Perlongher pour les droits des homosexuels, Ellos son, los Violadores de Juan Riggirozzi l’engagement d’un groupe de punk argentin contre la dictature militaire. D’autres encore sont, comme tout documentaire, de simples témoignages qui laissent au spectateur le soin de critiquer le monde dans lequel il vit : le film Criada de Matías Herrera Córdoba raconte la vie d’Hortensia, une esclave des temps modernes, et Mariano Donoso, dans son film Tekton, montre à travers le projet de construction du Centre civique de San Juan la contradiction entre ce que peuvent faire espérer de tels projets et ce qu’ils deviennent réellement.

En ce qui concerne le public, il était là, toujours, nombreux. Il n’était pas rare d’apprendre, à l’arrivée en caisse, que la séance était complète. Même pour des séances plus théoriques : la Cinémathèque française a présenté une programmation sur la place de la photographie dans le cinéma. Les salles étaient pleines et certains films étaient applaudis, Letter to Jane: an investigation about a Still de Godard et Gorin par exemple.
À l’Université de Buenos Aires, dans un cours de théorie sociale, un étudiant explique que les spectateurs viennent par snobisme. Comme Bernard Bénoliel, directeur de l’action culturelle à la Cinémathèque française, je préfère croire que les Argentins ont soif de savoir, faim de culture et que les prix très raisonnables des places de cinéma leur permettent d’assouvir leurs appétits. Si on ajoute à cet aspect économique l’importance de l’offre cinématographique, on est encouragé, lorsqu’une séance est pleine, à voir un autre film dont on a peut-être moins parlé puisqu’on est sur place et qu’il y a du choix. C’est aussi la possibilité de dialoguer avec les réalisateurs (les Français Claire Denis, Simone Bitton, Raoul Ruiz entre autres étaient présents) à la fin des séances qui attire, permettant généralement de faire la lumière sur de nombreux aspects du film. Enfin, comme le dit Sergio Wolf, le BAFICI est un « lieu de plateforme et d’envol pour le cinéma argentin à un niveau international ». Plus généralement, comme l’a remarqué Bernard Bénoliel, les films ont vocation à voyager et le festival sert d’aéroport à ces « avions-films ». Alors on se dépêche d’aller les voir avant qu’ils ne décollent pour d’autres horizons.

jeudi 9 avril 2009

L’approbation de la nouvelle loi électorale bolivienne ou le théâtre d’un énième affrontement politique.



Le 7 février dernier, la nouvelle constitution politique de l’Etat (NCPE) plurinational bolivien fut promulguée, suite à son approbation par la population par la voie référendaire fin janvier. La NCPE stipule qu’une n
ouvelle loi électorale doit être approuvée par les parlementaires dans les 30 jours suivant sa promulgation, afin de pouvoir poser les bases des prochaines élections générales, prévues pour décembre 2009.

Depuis le début du mois d’avril, l’actualité politique bolivienne est précisément centrée sur ce point. La nouvelle loi électorale est en effet le terrain d’énièmes tensions politiques exacerbées entre le parti d’Evo Morales (MAS – Mouvement vers le Socialisme) et l’opposition représentée par trois partis (UN, MNR, PODEMOS). Cet affrontement politique se matérialise par la « guerre » que mènent depuis une semaine les parlementaires de la chambre des députés (majorité gouvernementale, chambre basse) et du Sénat (opposition majoritaire composée de 3 partis –chambre haute).

Les trente jours sont arrivés à échéance mardi 7 avril sans que la loi n’ait pu être approuvée par les deux chambres. Le Sénat a en effet effectué de profondes modifications (lors de la navette entre du projet de loi entre les deux chambres) celles-ci ayant été à leur tour fortement dénoncées par les députés du MAS. Les principaux points de désaccord sont au nombre de 4 :

- La nouvelle loi fait la part belle à la Bolivie rurale. 64 % des députés seraient en effet désignés par « El Campo » (la campagne) alors que celle-ci ne représente que 35 % de la population. L’opposition dénonce plutôt logiquement un net avantage accordé au MAS, étant donné que la partie rurale – la plus pauvre - est dans son immense majorité acquise à Evo Morales. Par conséquent, elle demande un découpage des circonscriptions qui soit proportionnel à la population.

- Comme relaté dans un précédent post, la nouvelle loi électorale prévoit aussi la présence de 14 sièges réservés aux minorités indigènes du pays (sur un total de 127). Plusieurs problèmes cependant : les indigènes voteraient deux fois (une fois pour un député « normal », l’autre pour le député indigène), cela créant une inégalité de fait entre les citoyens. En outre, les candidats indigènes seraient uniquement désignés par des organisations soutenant le gouvernement en place (Conamaq, Cidob, Csutcb). Le Sénat dans sa nouvelle proposition réduit le nombre des sièges à … 4.

- Autre point de friction majeur : le vote des expatriés. La nouvelle loi électorale accorde en effet le droit de vote aux boliviens résidant à l’étranger (mesure plutôt répandue en Europe). Outre les très grandes difficultés que va avoir la Cour National Electorale (CNE) à mettre en place le dispositif pour décembre prochain, l’opposition fait part de sa non confiance absolue dans les ambassades boliviennes à l’étranger. Selon elle, les fonctionnaires désignés par le pouvoir en place pourraient commettre des fraudes massives en transmettant de faux résultats.

- Enfin, l’opposition, représentée par le président du Sénat óscar Ortiz exige un nouveau patron électoral affirmant que le patron actuellement en vigueur est largement propice à la fraude. Cela fait écho aux nombreuses dénonciations de fraude notamment par un rapport du Sénat lors des référendums d’Août 2008 (où Morales mettait en jeu son poste) et de Janvier 2009 (pour l’approbation de la nouvelle constitution). L’opposition argumente en effet que depuis 2007, 700 000 électeurs (soit 30 % du corps électoral) sont en situation irrégulière, bénéficiant de plusieurs cartes de vote. Ce à quoi le gouvernement répond que les derniers scrutins ont été avalisés par des observateurs de l’OEA et de l’ONU.

Le 5 avril, le Sénat a ainsi présenté le projet de loi modifié à la chambre basse en argumentant que la loi contenait 21 violations de la nouvelle constitution. On l’imagine, les réactions des soutiens au gouvernement ne se sont pas fait attendre.

Les députés du MAS ont menacé de démissionner collectivement afin de paralyser la chambre basse et de permettre à Evo Morales de faire passer la loi par décret.
Les principaux représentants des mouvements sociaux (à savoir Damián Condori, dirigeant de la Confederación Sindical Única de Trabajadores Campesinos de Bolivia, et Fidel Surco de la Coordinadora Nacional por el Cambio) ont, pour leur part, à nouveau menacé de faire pression en entourant le Congrès National (Sénat + Chambre des députés), comme ils l’avaient fait pour le vote par l’assemblée constituante de la nouvelle constitution (à l’époque, le MAS ne bénéficiait pas de la majorité des 3/5ème requis).

Evo Morales, de son côté, a convoqué les deux chambres (Congrès national) pour approuver la loi (car le MAS serait majoritaire). Cependant, dans un premier temps et avant de passer en force, le Président a tenté d’apaiser les mœurs en assurant qu’à aucun moment les députés de la majorité n’avaient parlé de démission collective et en demandant aux dirigeants syndicaux de garder leur calme.

Précisément, on aurait pu croire à une avancées majeure dans cet énième affrontement. Mardi 7 et mercredi 8 avril, le gouvernement a en effet tenté depuis deux jours d’arriver à un compromis. Álvaro García Linera, vice président, s’est employé à chercher un compromis pour avoir un vote unanime et mettant en place une table ronde composée du vice président, des présidents du Sénat et de la Chambre des députés (Edmundo Novillo), des chefs de groupes partisans et d’autres parlementaires participant en tant qu’observateurs des négociations. Dans un tel contexte de tension, cette tentative de dialogue aurait pu apparaître non seulement non négligeable mais extrêmement louable. C’était sans compter sur la suite des évènements…

Les deux camps sont arrivés à un compromis sur les sièges indigènes, le vice président acceptant de baisser leur nombre à 8. Cela a suscité un tollé dans les organisations indigènes de soutien, Adolfo Chávez président de la Conderación de los Pueblos Indigenas de Bolivia (Cidob) ayant parlé d’acte de trahison et n’ayant pu cacher ses larmes… En revanche, impossible de s’entendre sur le terrain du patron électoral ni du vote des étrangers.

Depuis la nuit passée, les évènements ont pris un tournant quasi violent. Le congrès siège depuis plus de 20 heures dans une session fleuve. Les parlementaires en sont quasi venus aux mains lors des débats, sans parler des insultes à répétition. Les députés et les mouvements sociaux réitèrent leurs menaces. Pire même, Evo Morales a décidé de se mettre en grève de la faim. Plus que jamais, la Bolivie est déchirée par ses affrontements idéologiques.

mercredi 8 avril 2009

Après la mort de l’ex-président Raul Alfonsin, la campagne législative reprend ses droits.

Raul Alfonsin est décédé la semaine dernière (le 31 mars) à l’âge de 82 ans. Il fut élu président de l’Argentine en 1983. Son mandat, sous la bannière radicale, avait marqué le retour à la démocratie. Celui dont l’influence politique avait perdu de sa superbe, a repris du service depuis les cieux… Ainsi, l’objectif de cet article ne sera pas tant de revenir sur le personnage et le bilan politique d’Alfonsin, mais plutôt d'observer les conséquences de son décès sur la campagne pour les élections législatives qui doivent avoir lieu en juin.

Le lendemain de sa mort, la dépouille de l’ex-président était exposée au congrès. Toute la journée, la foule a défilé. Au milieu des anonymes, se trouvait un grand nombre de dirigeants politiques venus rendre un dernier hommage. Ils ont été immortalisés par les retransmissions en boucle de la plupart des chaînes de télés du pays. Les réactions ont été de deux types : Tous, ont d’abord souligné, ce qui est de mise en pareilles circonstances, ses valeurs d’Homme d’Etat, ainsi que son rôle dans la stabilisation démocratique du pays. Dans un second temps, tous ont invoqué l’esprit du défunt pour défendre leurs intérêts politiques. Ainsi il n’aura pas fallu 24 heures pour que la campagne reprenne ses droits, et pour que la spéculation prenne le pas sur le recueillement et sur l’avènement d’un débat constructif et critique quant à l’héritage politique laissé par Alfonsin.

Hommage devant le corps Raul Alfonsin éxposé au congrés

Le premier a profité de l’événement, ne fut autre que le propre fils de l’ex-président : Ricardo Alfonsin. Affilié, tout comme son père, à l’Union Civica Radical (UCR), celui qui n’avait obtenu que 6,76 % des voix comme candidat pour le poste de gouverneur de Buenos Aires, paraît avoir pris une autre dimension et avoir largement étendu son influence dans la sphère politique. En effet, très vite, de nombreuses rumeurs sont apparues. Elles laissaient supposer qu’il négociait la tête de liste de la coalition, pour la Capital Fédérale, qu’il devait formé avec la Coalicion civica de Margarita Stolibzer, et le vice président et dissident Julian Cobos . Certains on même affirmé que ce front pouvait éclater et laisser place à une candidature personnel de « Ricardito »,. Même si dans les deux camps, on a réaffirmé qu’on mettait tout en œuvre pour maintenir l’unité, les enjeux sont bien réels. Particulièrement pour l’UCR qui, ces dix dernières années, avait perdu poids dans le paysage politique national. La mise en place d’une « campagne de publicité » intitulée Gracias Raul, qui met en scène la mémoire de l’ex président, est une démonstration de l’avantage électoral que compte tirer l’UCR de cet événement (On peut notamment la trouver dans tous les grands quotidiens nationaux et sur internet) .


Ricardo Alfonsin

Le second exemple marquant fut celui de Cristina Kirchner, qui a écourté son déplacement à Londres, afin de rendre une visite de près de deux heures au domicile de la famille Alfonsin. Tout laisse à croire, qu’au-delà d’une « obligation » due à son rang, la présidente a cherché à surfer sur la vague d’émotion populaire qu’a suscité le décès. Les différents analystes se prononcent de manières très contradictoires quant aux effets que pourraient avoir un tel événement sur les résultats du Parti Justicialiste mené par Nestor Kirchner. En revanche, le véritable intérêt pourrait résider dans la confirmation de la candidature du ticket Ricardo Alfonsin/Margarita Stolbizer. Cela entraînerait de facto la division des voix l’opposition, et par conséquent l’affaiblissement du « dangereux » candidat de L’Union-Pro : Francisco De Narvaez.

Malgré tout, une question (et pas des moindres) reste en suspend : jusqu'à quand l’effet Alfonsin va-t-il perdurer ? Le boom qu’a provoqué la mort de Raul Alfonsin a certes précipité certains aspects de la campagne, mais ne devrait pas devoir provoquer de modifications profondes des résultats d’ici juin…Une fois de plus, cet événement a révélé une classe politique faible, opportuniste, volatile, et incapable de mettre en place un débats sur les grands enjeux économiques et sociaux que va devoir affronter l’Argentine dans les mois à venir.

jeudi 2 avril 2009

Des guerres et des poètes

Ce mercredi 1er avril 2009, la réunion de poètes du Tortoni risquait d’être agitée, prise en sandwich entre l’annonce de la mort de Raúl Alfonsín la veille et la commémoration de la Guerre des Malouines le lendemain.
Raúl qui ? Raúl le « Père de la démocratie », comme l’indiquait tous les quotidiens nationaux, Raúl, le premier Président de la Nation argentine élu en 1983 après une dictature militaire de 7 ans.
Les Malouines ? Le 2 avril, les Argentins célèbrent la date anniversaire du début de la guerre des Malouines/Falklands. Une guerre contre le Royaume-Uni qu’ils ont perdue au bout de trois mois, et qui a laissé de profondes traces dans la mémoire collective.
Afin d'éviter tout débordement de ferveur patriotique, le Président de séance du Rincón Lirico a demandé de ne pas aborder les sujets politiques. Bien sûr, les poètes qui ne font que parler que d'amour sont restés indifférents à la sanction. Les poètes révolutionnaires également, même si dans une moindre mesure. Restaient les poètes qui avaient prévu d'en parler. Mais en parler, au Tortoni, c'est un bien grand mot, puisqu'on NE PARLE PAS DE POLITIQUE. Alors ces poètes-ci ont récité leur poème. Et changement de sujet (vite vite). En voilà un :


MALVINAS
En busca de tus hermanas
solitarias en el sur,
al despertar el alba
partiste en son de guerra,
angustía en los corazones
por falta de noticias,
teléfono mudo
por llamada que no llega.
Cartero que pasa sin dejar carta,
desesperación
por saber
en que frente estarás,
pasarás hambre,
tendrás frío,
solo Díos lo sabe.

Te veremos hoy,
quizás mañana,
queremos tu regreso
no una medalla,
tampoco un papel,
su hijo dejó la vida
por la patría.

Una mañana llegó
la triste noticia
en que ya nunca volveras,
pasan los años
y tu cama sigue vacia,
falta tu presencia,
percibimos tus pasos
y tu alegria de vivir.

Tenemos los ojos secos
de llorar tu ausencia,
en que montículo de tierra
descansas eternamente
con tus sueños mi muchacho.

Quisiéramos ser aves
para volar sobre tu tumba,
descargar una cortina de lágrimas
que se transformen en un abrazo
para que no te sientas solo,
porque en esas lágrimas
está nuestro amor,
descansa en paz
hijo mio.
Donato Perrone
dbperrone@hotmail.com



MALOUINES
À la recherche de tes sœurs
solitaires du Sud,
quand se leva l’aube
tu partis sur les sentiers de la guerre,
angoisse dans les cœurs
de ne pas recevoir de nouvelles,
téléphone muet
d’un appel qui n’arrive pas
Facteur qui passe sans laisser de lettre,
désespoir
de savoir
sur quel front tu peux être
de quelle faim tu souffres
si tu as froid,
Dieu seul le sait.

Nous te verrons aujourd’hui,
peut-être demain,
nous voulons ton retour
pas une médaille,
ni un papier,
votre fils est mort
pour la patrie.

Un matin arriva
la triste nouvelle
disant que tu ne reviendras jamais plus
les années passent
et ton lit reste vide
ta présence manque,
nous percevons tes pas
et ta joie de vivre.

Nous avons les yeux secs
de pleurer ton absence,
sur ce monticule de terre
où tu reposes éternellement
avec tes rêves mon garçon.

Nous aimerions être des oiseaux
pour voler sur ta tombe,
faire s’abattre un rideau de pleurs
qui se transformeraient pour te serrer dans leurs bras
pour que tu ne te sentes pas seul,
parce que dans ces larmes
il y a notre amour,
repose en paix
mon fils.


(Traduction Louise Durette)