lundi 16 novembre 2009

Amérique latine, une nouvelle vision de la jeunesse


En Octobre 2008, la CEPAL en collaboration avec l'Organización Iberoamérica de Juventud (OIJ), a publié un rapport sur la situation de la jeunesse latino-américaine, intitulé : « Juventud y cohesión social en Iberoamérica : un modelo para armar ». Celui-ci étudie les liens entre la jeunesse et la cohésion sociale. Il est disponible sur le site internet de la CEPAL.

La question de la jeunesse et de son rôle dans la société, est particulièrement importante pour ce continent jeune, qui comptera en 2010, 103 596 592 millions de jeunes entre 15 et 24 ans (chiffre de la CELADE, Sept. 2009).

Or elle préoccupe toutes les sociétés, la France ne s'interroge t-elle pas sur son “identité nationale”? Il s'agit de savoir comment construire et assurer la cohésion sociale entre les membres d'une société. Qu'est ce qui constitue le “vivre ensemble”? Lui permet de fonctionner, ou au contraire, qu'est ce qui favorise une certaine désintégration sociale?

Cette étude propose des apports majeurs, concernant la perception des relations entre la jeunesse et la cohésion sociale.

Tout d'abord, elle s'intéresse à une catégorie particulière et souvent ignorée dans les rapports internationaux, alors même qu'elle représente l'avenir : la jeunesse. Ensuite, elle adopte un point de vue original, rompant avec les discours habituels concernant la pauvreté ou la violence juvénile. Puisqu'elle traite de la jeunesse sous l'angle de la cohésion sociale. Ainsi, l'étude présente la jeunesse comme composante essentielle de la cohésion sociale, et non comme péril pour cette dernière. Enfin, dans ce rapport la cohésion sociale est entendue dans une conception élargie, servant à définir les structures de socialisation et d'intégration : l'école, l'emploi, la protection sociale... ; mais aussi le sentiment d'appartenance à la communauté.

La première partie du rapport « Pobrezas y riesgos », propose un panorama de la situation de la jeunesse latino-américaine.
Elle recense les diverses formes de pauvreté qui touche cette catégorie de la population, la pauvreté économique, mais aussi les difficultés d’accès à l’éducation, à la santé ou au marché de l’emploi. Le rapport met également en évidence les différents facteurs d’exclusion sociale, étudiés en profondeur dans des chapitres dédiés, à la pauvreté économique et les inégalités, à la mortalité, à la maternité juvénile et ses conséquences en terme d’exclusion, associé au retard du continent concernant les droits reproductifs, et enfin à la violence. Ce chapitre a le mérite d’aborder la violence dans son ensemble, la violence juvénile mais aussi la violence entre jeunes et surtout les violences faîtes aux jeunes.

La seconde et la troisième partie (« El desarollo de las capacidades » et « Generación de oportunidades »), nous ont semblées particulièrement intéressantes car elles proposent des solutions à l’exclusion des jeunes, en adoptant un point de vue rare et plutôt positif, qui est de considérer la jeunesse comme un « capital humain » à valoriser et non comme un péril pour la société.

Dans la seconde partie, l’accent est mis sur le rôle central de l’éducation dans le développement des capacités de la jeunesse, et d’autre part, sur les carences de systèmes éducatifs inégalitaires polarisés, en ce qui concerne la qualité et la couverture de l’enseignement. De plus, cette partie relève l’importance de l’accès aux nouveaux outils de communication (informatique, internet…), pour l’information.

La troisième partie de l’étude, reprend les perspectives spatiales ou de l’âge sources d’exclusion pour valoriser les potentiels de la jeunesse, notamment pour l’insertion au marché du travail.

Enfin, les quatrième et cinquième partie (« Juventud, familia y sentido de pertenencia » et « La institucionalidad y las políticas de juventud en la perspectiva de cohesión social »), traitent plus directement du thème de la cohésion sociale au travers des relations entre les jeunes et deux structures de socialisation : la famille et les institutions. En ce qui concerne le cadre familial, la CEPAL observe les rapports intergénérationnels, les rapports de genre mais surtout interroge le ressenti et la perception des jeunes par rapport à la famille.

Enfin, dans la dernière partie, consacrée aux institutions, l’apport de l’étude est de donner des pistes pour de nouvelles politiques en direction de la jeunesse, plus à l’écoute de ses besoins et influencées par l’objectif de cohésion sociale.

Ce rapport est donc novateur et digne d’intérêt, car il considère la jeunesse comme acteur central de la société et moteur de la cohésion sociale. De plus, dans un travail riche de collecte de données ou de témoignages, il propose un panorama sur la situation actuelle de la jeunesse latino-américaine. Et pour conclure il ne se limite pas à une énumération des problèmes de violence ou d’exclusion sociale que rencontrent les jeunes, mais il imagine des solutions, « un modelo para armar », afin de changer la perception de cette jeunesse et les politiques qui lui sont destinées.

Téléchargez le rapport (8Mb). Une synthèse est également proposée, ainsi que des versions en anglais ou en portugais.


Pauline Ollier