mercredi 8 avril 2009

Après la mort de l’ex-président Raul Alfonsin, la campagne législative reprend ses droits.

Raul Alfonsin est décédé la semaine dernière (le 31 mars) à l’âge de 82 ans. Il fut élu président de l’Argentine en 1983. Son mandat, sous la bannière radicale, avait marqué le retour à la démocratie. Celui dont l’influence politique avait perdu de sa superbe, a repris du service depuis les cieux… Ainsi, l’objectif de cet article ne sera pas tant de revenir sur le personnage et le bilan politique d’Alfonsin, mais plutôt d'observer les conséquences de son décès sur la campagne pour les élections législatives qui doivent avoir lieu en juin.

Le lendemain de sa mort, la dépouille de l’ex-président était exposée au congrès. Toute la journée, la foule a défilé. Au milieu des anonymes, se trouvait un grand nombre de dirigeants politiques venus rendre un dernier hommage. Ils ont été immortalisés par les retransmissions en boucle de la plupart des chaînes de télés du pays. Les réactions ont été de deux types : Tous, ont d’abord souligné, ce qui est de mise en pareilles circonstances, ses valeurs d’Homme d’Etat, ainsi que son rôle dans la stabilisation démocratique du pays. Dans un second temps, tous ont invoqué l’esprit du défunt pour défendre leurs intérêts politiques. Ainsi il n’aura pas fallu 24 heures pour que la campagne reprenne ses droits, et pour que la spéculation prenne le pas sur le recueillement et sur l’avènement d’un débat constructif et critique quant à l’héritage politique laissé par Alfonsin.

Hommage devant le corps Raul Alfonsin éxposé au congrés

Le premier a profité de l’événement, ne fut autre que le propre fils de l’ex-président : Ricardo Alfonsin. Affilié, tout comme son père, à l’Union Civica Radical (UCR), celui qui n’avait obtenu que 6,76 % des voix comme candidat pour le poste de gouverneur de Buenos Aires, paraît avoir pris une autre dimension et avoir largement étendu son influence dans la sphère politique. En effet, très vite, de nombreuses rumeurs sont apparues. Elles laissaient supposer qu’il négociait la tête de liste de la coalition, pour la Capital Fédérale, qu’il devait formé avec la Coalicion civica de Margarita Stolibzer, et le vice président et dissident Julian Cobos . Certains on même affirmé que ce front pouvait éclater et laisser place à une candidature personnel de « Ricardito »,. Même si dans les deux camps, on a réaffirmé qu’on mettait tout en œuvre pour maintenir l’unité, les enjeux sont bien réels. Particulièrement pour l’UCR qui, ces dix dernières années, avait perdu poids dans le paysage politique national. La mise en place d’une « campagne de publicité » intitulée Gracias Raul, qui met en scène la mémoire de l’ex président, est une démonstration de l’avantage électoral que compte tirer l’UCR de cet événement (On peut notamment la trouver dans tous les grands quotidiens nationaux et sur internet) .


Ricardo Alfonsin

Le second exemple marquant fut celui de Cristina Kirchner, qui a écourté son déplacement à Londres, afin de rendre une visite de près de deux heures au domicile de la famille Alfonsin. Tout laisse à croire, qu’au-delà d’une « obligation » due à son rang, la présidente a cherché à surfer sur la vague d’émotion populaire qu’a suscité le décès. Les différents analystes se prononcent de manières très contradictoires quant aux effets que pourraient avoir un tel événement sur les résultats du Parti Justicialiste mené par Nestor Kirchner. En revanche, le véritable intérêt pourrait résider dans la confirmation de la candidature du ticket Ricardo Alfonsin/Margarita Stolbizer. Cela entraînerait de facto la division des voix l’opposition, et par conséquent l’affaiblissement du « dangereux » candidat de L’Union-Pro : Francisco De Narvaez.

Malgré tout, une question (et pas des moindres) reste en suspend : jusqu'à quand l’effet Alfonsin va-t-il perdurer ? Le boom qu’a provoqué la mort de Raul Alfonsin a certes précipité certains aspects de la campagne, mais ne devrait pas devoir provoquer de modifications profondes des résultats d’ici juin…Une fois de plus, cet événement a révélé une classe politique faible, opportuniste, volatile, et incapable de mettre en place un débats sur les grands enjeux économiques et sociaux que va devoir affronter l’Argentine dans les mois à venir.

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